Gérard Genette
Gérard Genette est d'ascendance belge. C'est Joseph Genette (1811-1890), né à Spontin en province de Namur, qui emménagea à Paris à la fin du XIXe siècle avec ses enfants et son petit-fils Louis (fils naturel de sa fille Marie, né à Gand), grand-père de Gérard Genette. Joseph, son fils et Louis étaient tous marbriers. Avant cela, la famille Genette était présente dans la région de Namur, principalement sur le territoire de l'actuelle commune de Gesves (à Strud et plus précisément son hameau de Haut-Bois), depuis la fin du XVIe siècle au moins. La branche dont est issu Gérard Genette s'établit au XVIIIe siècle dans les environs de Spontin et Ciney (Sorée, Durnal, Natoye...). Comme la majeure partie de la population à cette époque, les ancêtres de Genette étaient principalement des « manants, des journaliers qui louaient leurs bras pour les travaux agricoles ». Le nom Genette (qui est une variante de genêt ou bien de Jeannette) est encore représenté en Wallonie, surtout en province de Namur.
Fils d'un ouvrier du textile et amateur de calembours, Gérard Genette est boursier à partir de la 6e. Il fait, après une enfance à Conflans-Sainte-Honorine, ses classes préparatoires au lycée Lakanal. Là, il suit les cours clandestins de Jean-Toussaint Desanti Ayant rompu avec la foi protestante de ses parents, il est de 1948 à 1956 membre du Parti communiste français et rédacteur en chef de Clarté en 1952-1953. Échaudé par l'exclusion d'André Marty, il déchire sa carte du PCF après celle de Pierre Hervé. Il fait ensuite partie du groupe Socialisme ou barbarie, où il se « déstalinise ». Marie-France Raflin-Arlon compare son parcours d'alors à celui d'Emmanuel Le Roy Ladurie.
Ayant été frappé par une pleurésie, et ayant dû suivre une cure à Aire-sur-l'Adour (il appartient alors à l'Association générale des étudiants en sanatorium), il entre à l'École normale supérieure « avec retard » en 1951, puis est reçu 3e à l'agrégation de lettres en 1954. Il enseigne en hypokhâgne deux ans à Amiens, puis, de 1956 à 1963, au lycée de garçons du Mans (futur lycée Montesquieu), où il est chargé de la chaire de lettres classiques dans la classe de Lettres supérieures, nouvellement créée. Il y accueillera, en 1959, son condisciple de la rue d'Ulm, Jacques Derrida, venu occuper pour un an, la chaire de philosophie. De 1963 à 1967, il est assistant, à la Sorbonne, de Marie-Jeanne Durry et y dirige les travaux pratiques des étudiants qui suivent le cours magistral de celle-ci. Ensuite, grâce à Roland Barthes, il est nommé directeur d'études à la sixième section de l'École pratique des hautes études ( devenue, plus tard, École des hautes études en sciences sociales), poste qu'il occupe jusqu'à sa retraite en 1994. Il a été aussi visiting professor à l'Université Yale en 1969.